mardi 8 décembre 2009

Égothérapie

L'égo n'est pas un cadeau...
On ne promeut pas une œuvre parce qu’elle est réalisée par un ami, un malade ou un enfant. On la promeut (et non promouvoit) parce que l’on croit qu’elle est aboutie, techniquement et intellectuellement, parce que l’on pense sincèrement qu’elle apporte(ra) quelque chose à la réflexion de nos semblables – dans les deux sens du mot réflexion – et si possible, qu’elle entrera dans l’histoire de l’art. Nous avons hélas de plus en plus tendance à mélanger la mise en marché mercantile et la mise en valeur de réels talents. Mais qui, me direz-vous, serait apte à juger ? – Ceux qui ont étudié, appris, les professionnels, les pairs et experts. L’art, dans toutes ses disciplines a ses maîtres. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont le plus connus. L’image du vieux savant dans son laboratoire existe aussi dans le domaine artistique.
Nous avons également tendance à mélanger compassion et promotion : Regardez de quoi il (elle) est capable ! Et pourtant, il lui manque : un bras, une jambe, une case… La thérapie par l’art est un outil précieux – notamment auprès des jeunes – et c’est malheureusement à ce niveau que l’amalgame se fait entre (re)donner confiance en soi et en la société par l’expression artistique et couvrir de compliments indus, d’expositions complaisantes, commanditées par de bienfaisants béats. Rien n’est plus attristant qu’un niais qui se croit grand. Ce n’est pas rendre service à un ami, à un malade ou à un enfant que de le mettre sur un piédestal duquel il tombera un jour. L’égo n’est pas un remède.
Cela commence très tôt. Nous ne vivons pas dans une société qui prône l’humilité. C’est à peine si l’apprentissage est toléré. Les maîtres se font houspiller et le « t’es capable ! » résonne dans toutes les chères têtes blondes. « Waoh ! que c’est beau mon amour ! » accompagne le plus laid des colliers de pâtes. Nous oublions que se mettre à la portée de quelqu’un n’implique pas forcément de se mettre à son niveau et que le mensonge ne fera pas long feu. L’égo est un poison qu’il faudrait distiller avec parcimonie.

TRACESMag