samedi 16 mai 2009

An English message will follow...


« Je ne sais comment recevoir votre message en anglais, il me met très mal à l’aise. À un point tel que je vous demande de ne plus m’envoyer de message. »
Reçois-le comme tu veux, mon grand, et retourne dans ta tour d'ivoire.
Ce qui me met, moi très mal à l’aise, c’est qu’un intellectuel puisse propager un tel ostracisme. En fait non, il s’ostracise lui-même.
En fait si, il doit certainement propager.
Fort heureusement, il n’empêche pas la culture de vivre, il s’en prive d’une grande partie en se retirant dans sa dignité de Québécois offensé : On a osé lui faire parvenir un message en français, suivi de sa traduction en anglais ! Pensez-donc, quelle hérésie! Le message ne s’adressait pas qu’à lui et ce n’est pas le comportement idéal pour intéresser la communauté anglophone à notre culture (qui soit dit en passant, n’est ni la seule ni la meilleure au monde).
Comme un fait exprès, voilà que notre chroniqueur rencontre une artiste anglophone, échange avec elle et valide ses perceptions dans les deux langues. (Article Gilles Matte/Susan Lee, Arrachons la page ! Brûlons le Musée d’Art contemporain des Laurentides !
Comme un fait exprès, une journaliste anglophone écrit dans notre magazine, se donnant la peine d’utiliser notre langue (Article Ilania Abileah/France Paquette). On la lit ou on ne la lit pas, celle-là ?... Ah ! dilemme ! Et l’exposition en question est accrochée à Ici par les Arts. Savez-vous qui dirige cet organisme de réinsertion de jeunes de toutes provenances ? Excuse-nous Jennifer, on va brûler Ici par les Arts !
Et je vous jure que nous ne l’avons pas fait exprès. Pas notre genre de provoquer. C’est juste dans l’air de ce mois-ci. Et moi, cet air de printemps, je le hume à pleins poumons et j’ouvre en grand toutes les portes et fenêtres de ma maison. S’il avait fallu que je refuse tout ce qui n’était pas français dans ma vie, je n’aurais pas eu le privilège de faire le tour du monde, de m’enrichir de cultures très différentes et de partager avec vous ce qui m’enthousiasme aujourd’hui : La culture dans les Laurentides, ses artistes francophones, anglophones et autres (rencontré une belle artiste afghane ce mois-ci), ses villages aux consonances anglaises ou françaises, son histoire issue de pionniers de diverses origines, bref tout ce melting pot, ce patchwork, ce puzzle , ce cocktail, (Là, j’exagère…) de saveurs complémentaires parmi lesquelles nous cherchons laborieusement une identité régionale.

P.s. Je pense que j’ai perdu un lecteur…au moins.

samedi 2 mai 2009

Hasard et création


« …réalité hasardeuse, jamais tracée d’avance, [qui] demeure au cœur de ses préoccupations » (1)
« constructions (…) très précaires qui tiennent le coup, entre autres, par le fond narratif qui les tisse. »(1)
Parle-t-on de politique ? Cela se pourrait. On aurait alors affaire à une belle définition de la langue de bois, de message vide de sens, de ratage de projet. Évidemment, j’extirpe ces mots de leur contexte afin d’illustrer mon propos, et je m’essaie au cut-up, mais lorsque les spécialistes essaient de justifier le « travail » incompréhensible d’un artiste, ils utilisent trop souvent ce genre de phrases. L’artiste a des préoccupations, il s’interroge, il questionne et nous restons pris avec le questionnement du torturé des méninges.
L’art doit être clair et se suffire. Il doit générer l’émotion, l’admiration, la reconnaissance de références. L’art est langage, ce n’est pas une charade, encore moins un discours d’initié. Un public cultivé reconnaîtra plus de références qu’un autre, mais le rôle attirant et rassembleur de l’art devrait rester l’essentielle préoccupation de l’artiste.
Un aspect qui me gêne encore plus est le langage introspectif du crucifié qui étale ses tripes au soleil.
« Les maux ne valent que par la qualité de ceux qui les expriment » (2) et cette qualité-là sous-entend une dignité empreinte de pudeur. Il faut s’appeler Picasso pour dévoiler Guernica.

(1) Jérôme Delgado, le Devoir, 29 mars 2009 p.E8
(2) d’après la citation d’Alain Genestar, ex dir.Paris Match « Les mots historiques ne valent que par la qualité de ceux qui les prononcent »

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