samedi 2 mai 2009

Hasard et création


« …réalité hasardeuse, jamais tracée d’avance, [qui] demeure au cœur de ses préoccupations » (1)
« constructions (…) très précaires qui tiennent le coup, entre autres, par le fond narratif qui les tisse. »(1)
Parle-t-on de politique ? Cela se pourrait. On aurait alors affaire à une belle définition de la langue de bois, de message vide de sens, de ratage de projet. Évidemment, j’extirpe ces mots de leur contexte afin d’illustrer mon propos, et je m’essaie au cut-up, mais lorsque les spécialistes essaient de justifier le « travail » incompréhensible d’un artiste, ils utilisent trop souvent ce genre de phrases. L’artiste a des préoccupations, il s’interroge, il questionne et nous restons pris avec le questionnement du torturé des méninges.
L’art doit être clair et se suffire. Il doit générer l’émotion, l’admiration, la reconnaissance de références. L’art est langage, ce n’est pas une charade, encore moins un discours d’initié. Un public cultivé reconnaîtra plus de références qu’un autre, mais le rôle attirant et rassembleur de l’art devrait rester l’essentielle préoccupation de l’artiste.
Un aspect qui me gêne encore plus est le langage introspectif du crucifié qui étale ses tripes au soleil.
« Les maux ne valent que par la qualité de ceux qui les expriment » (2) et cette qualité-là sous-entend une dignité empreinte de pudeur. Il faut s’appeler Picasso pour dévoiler Guernica.

(1) Jérôme Delgado, le Devoir, 29 mars 2009 p.E8
(2) d’après la citation d’Alain Genestar, ex dir.Paris Match « Les mots historiques ne valent que par la qualité de ceux qui les prononcent »

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