En pleine période de promotion de la francophonie à travers le monde, une auteure des Laurentides nous produit un livre à la gloire d’un industriel illettré. Notre société qui a tant besoin de figures exemplaires, nos jeunes qui se cherchent à travers les modèles que nous leur proposons se voient offrir l’image d’un héros de l’industrie québécoise made in China.
Plus de vingt fois en quelque 200 pages on insiste sur le fait que le sujet ne sait pas lire – ni écrire, faut-il le préciser. Vous avez compris, là : il ne sait ni lire ni écrire, cependant sa «réussite» est faramineuse ! On va même jusqu’à citer en exergue rien de moins que Churchill, qui lui aussi aurait eu des difficultés à l’école.
Effectivement, la différence entre les deux personnages est minime :
Churchill, lui, s’est quand même mérité un prix Nobel de littérature !
L’auteure me téléphone pour une entrevue. Nous devisons agréablement et je lui fais part de mon intérêt à poser une ou deux questions au principal intéressé. Pas de problème. La question,
entre autres, qui me brûle les lèvres est celle-ci : Pourquoi cet homme qui a créé un empire international, qui prend le temps de s’entraîner physiquement trois fois par semaine, qui peut s’offrir tout le personnel qu’il désire, n’a-t-il pas consacré quelques heures pour se faire donner des cours d’alphabétisation ? – Il a sûrement la réponse et je suis sûre qu’il me l’aurait donnée de bonne grâce.
C’est sans compter sur la susceptibilité des courtisanes…nous ne saurons jamais le fin mot de l’histoire d’autant qu’une attachée de presse s’est interposée vertement pour me faire la leçon : « On ne pose pas ce genre de question ! » – Où avais-je donc la tête ?
Ndlr : Vous ne m’en voudrez pas, si je ne fais pas la promo du bouquin ?