lundi 13 juillet 2009

Des cliques et des claques

Une clique d’adultes avertis, universitaires galonnés, prennent en charge quelques ados plus ou moins décrocheurs et prétendent les aider à rentrer dans le rang en les intégrant à un projet subventionné d’exposition collective parascolaire. Jusque là, rien que de très louable.
On met les jeunes en situation dans un contexte muséal où ils vont faire un bref (trop bref) apprentissage de la vraie vie d’artiste. Toutes les règles sont respectées de A jusqu’à presque Z. Les jeunes produisent un beau travail, la clique est fière, le projet et ses subsides pourront être reconduits. Amis, parents, enseignants et organisateurs forment la claque, comme au théâtre de Molière. Mais on a choisi un lieu public reconnu pour ses expositions professionnelles; nous ne sommes pas dans les couloirs d’une école et ce lieu reçoit régulièrement la visite, de chroniqueurs chevronnés.
L’un d’eux passant par là, fut assez fou pour entreprendre la critique d’une des œuvres en nommant son auteur. Aucune mention condescendante soulignant la jeunesse des exposants. Non, l’étudiant a bénéficié d’une vraie bonne critique équilibrant le pour et le contre de certains aspects de son installation et faisant allusion à la pratique de grands artistes. Rien dans le texte ne pouvait laisser deviner que l’on ne parlait pas d’un vrai artiste. De quoi être réellement fier pour une première exposition !
Pas du tout ! Le jeune n’a pas eu le choix ni le loisir de savourer son succès.
Aux dires de la clique et de la claque, une entreprise de démolition aurait été menée contre un projet éducationnel, une attaque visant un jeune en particulier aurait été lancée - et vous savez quoi ? – On aurait intérêt à prendre en compte le danger de suicide chez les adolescents avant d’écrire quoi que ce soit!...
Cette goutte-là a fait déborder un vase déjà fort plein de visites, de courriels et de téléphones de remontrances. Celle-là, on ne la prendra pas et on la renverra à son expéditeur, dans son contenant d’apitoiement new age indigne de l’éducation que l’on prétend vouloir dispenser.
Et puisque l’on tient tant à exposer ce que les jeunes ont à exprimer, pourquoi la clique et la claque imposent-elles leur ressenti(ment) tout en interdisant l’accès des journalistes au jeune en question ? Peur d’avoir dépassé la pensée du soi-disant désespéré ? Peur d’aller jusqu’au bout du processus de mise en situation professionnelle ? Peur de dévoiler qu’on s’est finalement monté le bourrichon à partir d’une erreur de lecture ? L’expérience a été menée de faire lire le texte incriminé (Gilles Matte, ed.TRACES juin 2009 p.11) par plusieurs universitaires également galonnés, mais n’ayant -eux- aucune connexion de clique ni de claque et n’étant prévenus d’aucune manière des remous en cours. Aucun lecteur n’a relevé d’attaque de quelque nature que ce soit. Alors, la question se pose maintenant : quelle est la pomme qui a contaminé le panier ?...Sommes-nous obligés de supporter la paranoïa de quelques-uns ? N’avons-nous pas mieux à faire que de nous disputer sur la tête de nos enfants et ne devrions-nous pas les accueillir plus intelligemment dans notre monde d’adultes en le leur faisant découvrir tel qu’il est, plutôt qu’en les surprotégeant malgré eux et en les berçant d’illusions, aussi artistiques soient-elles ?

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