dimanche 24 février 2013
La corrida
« La misère de l’humanité commence avec le pouvoir de l’ignorance. Lorsque ce sont des ignorants qui détiennent le pouvoir, l’homme vit dans l’absurdité… » Lise Émond – L’héritage de la gazelle, 2009
Lorsque je lis ces lignes, des images s’entrecroisent, des exemples se bousculent : bien sûr, il y a ces gouvernements indignes, brutaux et aléatoires qui font la une des journaux – « Quand on se compare, on se console… » –, mais il y a aussi près de nous ceux dont la certitude de supériorité fait office de savoir, ces cancres malins qui vont nous prouver que seule la réussite sociale sanctionne la qualité de la démarche, qu’elle soit artistique ou autre. Ils marcheront sur toutes les têtes pour arriver à leurs fins; rien ne compte : l’effort, la gratitude, la responsabilité, la fidélité, l’honnêteté – intellectuelle, car il n’y en a qu’une –, la beauté d’une intention, la valeur d’une création… Bref, rien ne les émeut, tout s’achète. On devrait dire « réussite asociale », car notre société souffre de l’inspiration qu’offrent ces modèles du genre de ceux qui défilent en ce moment devant la Commission Charbonneau et qui nous laissent chancelants vis-à-vis de nos croyances démocrates et confiantes. Nous avons engendré des monstres. La malhonnêteté est devenue un spectacle couru comme la corrida. « Est-ce que ce monde est sérieux? »
Je réécoutais dernièrement ce magnifique texte de Cabrel et je me suis surprise à penser : « Moi aussi, je vais finir par l’avoir, cette danseuse ridicule! »
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